ARTISTE, ŒUVRE, EXPOSITION, Fred Guzda
Exposition du 3 septembre au 4 octobre 2020

Pour cette exposition exceptionnelle, Groupe Laura s’empare de l’octroi d’Eternal Gallery pour proposer une exposition rétrospective des œuvres de Fred Guzda.
Vernissage le mercredi 2 septembre 2020 à 18h
L’ensemble des travaux conceptuels s’appuient de près ou de loin sur ce protocole de Lawrence Weiner établi en 1969 : « L’artiste peut réaliser la pièce ; la pièce peut être réalisée (par quelqu’un d’autre) ; la pièce peut ne pas être réalisée. Chaque proposition étant égale et en accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des conditions de présentation relève du récepteur à l’occasion de la réception ». Ici, c’est peut-être « la pièce peut ne pas être réalisée » qui importe le plus. La question est de savoir pourquoi, jusqu’où et dans quel horizon artistique un projet peut faire œuvre au même titre qu’une réalisation concrète selon les modalités classiques ou actuelles d’expressions artistiques.
Pourquoi ? d’abord une méfiance à l’égard du lien moderne forme / expression par lequel une histoire de l’art pourrait être établie comme histoire de conflits, de luttes, de résistances etre naissances jusqu’à « l’assujettissement [complet ?] philosophique de l’art ». Se tenir en retrait,dans un angle mort face à cette situation n’est pas dénué de sens... au contraire même. Ni formalisme, ni expressionnisme, l’art conceptuel de Fred Guzda se tient sur une ligne singulière dont les ressorts sont à puiser dans le vaste ensemble des études doctorales accomplies par l’artiste,de ses interventions / conférences prononcées et des quelques propositions plastiques auxquelles il a parcimonieusement donné une existence réelle. L’ensemble de ses documents universitaires,publications et travaux personnels sont présentés dans l’exposition dont sa thèse : L’Au(c)torité de l’artiste et ses paradoxes.
Jusqu’où ? D’abord les impasses de l’art conceptuel lui-même ; Fred Guzda connaît bien cette histoire et, dans le cadre d’une analyse des propositions de Art&Language, soutient volontiers que l’art conceptuel est une pratique, jusqu’à présent, ne parvient pas à répondre à ses propres principes historiques.
Quels sont-ils ? Que l’œuvres d’art est bien autre chose que l’objet d’art. Ce constat, qu’ils tirent d’une très longue histoire de l’art imposent des conséquences qu’ils ne parviennent pas à tirer. De la même manière que la définition du beau chez Kant est toujours mal interprétée, de même également les prétentions secrètes du cœur de tout artiste conceptuel, et de tout commissaire qui s’y engagerait, demeurent vouées à un échec qui ne dit pas son nom. Il a pourtant nom que l’on peut paraphraser du célèbre tableau de Magritte La trahison des images : ici,la trahison des origines.
Dans quel horizon ? D’abord celui d’un lien avec l’œuvre de l’artiste Edouard Levé.L’exposition présente la quasi intégralité des textes critiques rédigés autour de l’artiste décédé en2007. Ainsi Fred Guzda pense une corrélation avec Œuvres d’Edouard Levé, paru en 2002, et poursuit d’une certaine façon cet exercice de substitution, littéraire et philosophique, du projet à sa réalisation concrète, de la présence réelle de l’artiste à l’ensemble ses signes et indices produits sur lui et son œuvre.
Enfin, comme une sorte de « testing » tragique de l’art conceptuel, la proposition de Fred Guzda explore les possibilités d’un art conceptuel qui assume ses impasses. Oblomov et Bartleby sont là,eux aussi, en filigrane. Ils se tiennent là, juste au-dessus du vide, à proximité du néant... dans la lumière éclatante de la suspension du geste et de la décision, dans le refus de faire autorité. Jusqu’où un projet, une ébauche d’œuvre, une réalisation avortée peuvent-elles faire œuvre ? Ne pas faire ; ne pas tout à fait faire ; amorcer sans achever... peuvent-ils entrer dans le cadre d’une monstration ? N’est-ce pas inviter à une forme de prudence ? A contre-courant des affirmations et revendications, l’art conceptuel de Fred Guzda expose la φρόνησις (prudence) comme vertu actuellement indispensable de toute expression artistique.
Le fil de l’exposition est donc bien celui-là : qu’y a-t-il à voir ? qu’est-ce qui est montré ? Quel parcours est proposé ? Rarement on aura mis autant l’accent sur la célèbre formule de Duchamp à propos du rôle du regardeur ; rien n’allant de soi, que proposer et pour quelle réception s’interroge Fred Guzda ? A la responsabilité partagée correspond une prudence partagée.
Compilations, recensements, déclinaisons, variations, appartiennent au lexique de Fred Guzda, mais conjointement dans cet horizon du hasard de la rencontre et de l’affinité élective. Alors montrer des œuvres aujourd’hui, quand la démarche tente une expérience conceptuelle, n’est-ce pas proposer une sensibilité de l’absence, une sensualité de l’idée, une émotion du vide ?
Une exposition proposée par Groupe Laura, en partenariat avec Eternal Network
Les Octrois, place Choiseul
Tours
Samedi -> Dimanche / 15h30 -> 18h30
Et en semaine sur rendez–vous
lauragroupe@yahoo.fr
Tel : 06 80 95 26 36
Entrée libre
En raison de la crise sanitaire, un protocole d’accueil et une jauge limitée sont mis en place, le port du masque est obligatoire dans l’octroi et sur les accès extérieurs à la place Choiseul par les bords de Loire. Merci de votre compréhension.