
De l’Égypte au Liban, du Caire à Damas
Ange Leccia
Lieu
château de Tours
Dates
2 juillet > 31 août 2004
Commissariat
Anastassia Makridou-Bretonneau
Partenaires
ville de Tours, Tour(s)plus, dans le cadre du festival Rayons Frais
L’exposition
Entre vision contemplative et réflexion politique sur le monde contemporain, l’œuvre d’Ange Leccia offre un regard à la fois incisif et rêveur qui semble observer autant que caresser une réalité où la violence cohabite avec la beauté.
L’artiste souligne qu’il vit dans une géopolitique dont il ne peut faire abstraction et dont il rend toujours compte.
Ouvertes sur un long couloir plongé dans une lumière bleue, ambiance de transition entre la luminosité extérieure et la pénombre de l’exposition, cinq salles successives du Château de Tours ont accueilli un ensemble des photographies et des projections vidéos.
À l’origine de toutes ces œuvres, les images qu’Ange Leccia a filmées lors de séjours au Moyen-Orient, au Japon et au Vietnam.
Ainsi, les grands montages photographiques de Synopsis ont été réalisés à partir de vues prises entre 1997 et 2004 ayant servi de synopsis visuel au film Azé.
De l’Égypte au Liban, du Caire à Damas, ces images immobiles offrent - par leur juxtaposition même - une forme de narration intérieure, permettant au spectateur de construire ses propres histoires. Elles suggèrent l’existence journalière de personnages sans visages ou tronqués, parfois armés, identités fragmentaires de ces territoires lointains qui, dans notre quotidien saturé d’informations, cristallisent la notion d’un conflit sans issue.
Sous le mode de la double projection, l’exposition présentait également trois œuvres vidéographiques.
Moyen-Orient, 1997-2004, une vidéo entre l’exploration et la variation possibles de la dimension narrative de l’image, de la possibilité de renouveler l’œuvre.
Le travelling d’un personnage fuyant l’Occident en quête du monde oriental où le contexte politique et social n’arrive pas à enfouir le désir de vie.
Japon, 1992-2004, vidéo réalisée premièrement lors d’un séjour à la Villa Kujoyama, au début des années 1990, dont l’artiste a réalisé un nouveau montage à l’occasion de l’exposition.
Un croisement d’informations télévisées japonaises sur la Guerre de Yougoslavie et la romance entre un Sumo et une star japonaise.
Les images du dialogue amoureux et de la guerre s’entremêlent, tout comme dans le journal télévisé, créant un flux nouveau, une complexité plurielle, accentuée par l’effet de disjonction et l’inintelligibilité du langage.
Vietnam, 2003-2004, œuvre qui poursuit le voyage vers l’Est dans un pays plus connu par la guerre que sa condition actuelle.
Un itinéraire visuel qui suit le Mékong, de Phnom Pen à Ho Chi Minh, une succession d’images entre l’univers surpeuplé de la ville asiatique et les paysages d’une quasi immobilité du fleuve.
publication : Ange Leccia, textes de Fabien Danesi, Anastassia Makridou-Bretonneau et Jean-Pierre Tolochard, 32 pages, catalogue de l’exposition