La Tour d’or blanc

La commande

Un groupe de viticulteurs du pays d’Amboise a sollicité le maire d’Amboise, afin de valoriser la présence du vin d’appellation Touraine-Amboise, notamment par l’installation d’une œuvre d’art.
Soucieux de la qualité artistique du patrimoine amboisien (présence de Leonard De Vinci à travers le Clos Lucé, de sculptures de Max Ernst et d’Alexander Calder, sans compter le château et les rues anciennes de la cité), le maire a souhaité que cette commande artistique soit confiée à un artiste reconnu de la scène artistique contemporaine.
Par ailleurs, à l’occasion de cette commande, il a souhaité équilibrer géographiquement le patrimoine artistique d’Amboise en dotant le quartier nord de cette œuvre contemporaine. En effet, l’attrait touristique patrimonial et artistique se concentre sur la rive gauche, au sud de la Loire. C’est ainsi que l’association du quartier du bout des ponts et entreponts, quartier quelque peu isolé et mal connu, fut invitée à participer à la définition et au suivi du projet.
L’ aménagement du carrefour entre la départementale qui longe la Loire au nord et l’aboutissement du pont a introduit deux giratoires, permettant une fluidité de circulation (20 000 véhicules passent à cet endroit chaque jour) et un ralentissement des véhicules.
En commun accord entre les commanditaires et la Ville d’Amboise, l’œuvre devrait s’installer sur le giratoire qui se situe au bout du pont du général Leclerc.
Ensemble, ils font alors appel à Éric Foucault, directeur d’Eternal Network et médiateur de l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France.

L’artiste

Le médiateur d’Eternal Network a proposé de confier cette commande à l’artiste Jean-Michel Othoniel qui, depuis une vingtaine d’années réalise des commandes publiques (métro à Toulouse et à Paris, tramway de Nice, zone urbaine à Amiens, fontaine à Versailles...) et privées (Chanel...). Particulièrement attentif au contexte dans lequel il intervient, l’artiste parvient avec ses œuvres à créer de nouveaux récits, de petites fictions féeriques à même de transfigurer les lieux, leur conférant une nouvelle identité.

Dans le cadre de son plan de valorisation de l’AOC, l’association Vign’amboisienne, a planté une vigne collective, derrière le château d’Amboise. Cette parcelle est un outil pédagogique et promotionnel. La vigne a été inaugurée en septembre 2010, en présence de Jean-Michel Othoniel.

Le projet

« J’ai rêvé à des noms évocateurs pour ce vin d’exception, cette cuvée qui naîtra sur les terres du château d’Amboise et qui est le fruit de toute une région de jeunes vignerons passionnés. Un vin qui porte la fougue de la jeunesse, l’énergie
du travail et la couleur sauvage de la Loire. »
J.-M. Othoniel.

La tour appelle ses visiteurs à traverser le pont et devient ainsi une invitation à la contemplation d’Amboise.

Jean-Michel Othoniel propose de répondre par une œuvre s’appuyant à la fois sur la viticulture, le paysage ligérien, les édifices d’Amboise et la lumière si particulière à la Touraine. La Tour d’or blanc s’inspire ainsi de plusieurs références locales :
 la Loire et les différentes couleurs qu’elle prend selon les saisons, selon les heu-
res de la journée.
 La future cuvée du Clos des Châteliers, un chenin avec sa robe dorée.
 Les différents sémaphores visibles sur le territoire amboisien : la pagode de
Chanteloup, la chapelle Saint-Hubert tombeau de Leonard de Vinci, l’église Notre- Dame du Bout des Ponts, les lanternes et réservoirs maraîchers de Touraine.
 Les colonnes rostrales des villes portuaires et l’évidente présence de la Loire.
 Le pont de pierre reliant l’emplacement de la future œuvre et le Château.

Au-delà d’une simple sculpture, La Tour d’or blanc opère comme un véritable signal urbain, cristallisant en son sein tout ce qui constitue l’identité du territoire amboisien.
Elle fait face au château, chacun étant sur une rive de la Loire. Le positionnement de la tour relève de la volonté de l’artiste de dialoguer avec le patrimoine environnant et de mettre en valeur le quartier du Bout des ponts et entreponts et de créer une œuvre remarquable pour ce quartier discret, en regard de l’autre rive qui abrite des trésors.

L’œuvre en détail

LE LANTERNON
Référence aux différents sémaphores d’Amboise, la pointe de la tour abrite un édicule majestueux qui, la nuit, agira comme un phare veillant sur la ville.
Jean-Michel Othoniel s’inspire de la tradition des lanternes de Loire, qui permettaient aux bateaux de se repérer. Magnifiée par des colonnettes en perles d’inox et une balustrade en aluminium, le lanternon est conçu par un maître verrier – le bien nommé Atelier Loire ! – qui assemble les trois couleurs du vin avec la technique du vitrail. L’artiste fait un parallèle entre la lumière des lanternes et la transparence des bouteilles de vin. Les cives (pièce de verre circulaire avec un téton en son centre, ressemblant à un verre à pied) reprennent le positionnement des bouteilles empilées en quinconce dans les caves. Ce cylindre est comme un réservoir. Les vignerons commanditaires l’appellent d’ailleurs le « cuvon », récipient mobile destiné à remplir les cuves de fermentation par le haut.

LES ROSTRES
La Tour d’or blanc rappelle le temps où la Loire était peuplée de bateaux, triomphant telle une colonne rostrale.
Une rostre est l’éperon (pointe renforcée) situé sur la proue d’un navire. On appelle colonne rostrale les colonnes flanquées d’excroissances en forme de proue et que l’on retrouvaient sur les ports fluviaux de grandes villes. Elles étaient destinées à commémorer une victoire navale ou des campagnes maritimes victorieuses, mais elles servaient aussi de lanterne.
Jean-Michel Othoniel en crée une pour Amboise. Mais ici les rostres prennent la forme cintrée des arches du pont de pierre qu’elle domine, soulignant le dialogue avec l’environnement de l’œuvre.
Chaque rostre est pourvue d’un système d’éclairage facilitant la circulation automobile autour du radier.