
Taxon Lazare
Laurent Tixador
Le Contexte
Le Champ de Manœuvre est devenu récemment une ZAC (zone d’aménagement concerté) qui va voir se construire environ 2 000 logements sur un ancien terrain militaire de 50 hectares le long de la route de Carquefou à Nantes à compter de 2018.
On peut lire sur le site www.nantesamenagement.fr :
« À proximité du cœur de bourg de Saint-Joseph de Porterie, le projet Champ de Manœuvre s’inscrit dans une démarche d’urbanisme durable, notamment dans sa volonté affirmée de limiter l’étalement urbain par une offre de logements accessible à tous et de favoriser la ville des courtes distances.
Un nouveau quartier qui s’inscrit dans un projet global
En limite du quartier Nantes Erdre, le secteur du Champ de Manoeuvre, constitue une des dernières réserves foncières du secteur nord-est de Nantes et représente une opportunité pour créer un nouveau quartier d’habitat.
Situé dans un environnement naturel, proche de l’Erdre, il permettra d’accueillir de nouvelles familles dans un cadre agréable.
Le projet d’aménagement s’attachera à multiplier les liens avec les quartiers, les équipements et les transports existants tout en renforçant les mobilités douces en vue d’ouvrir ce lieu au reste de la ville.
Des intentions d’aménagement où la nature est au cœur du projet
Un des enjeux forts du projet est la préservation et la mise en valeur des espaces de nature. Il s’agira de construire un nouveau quartier dans le respect de cet environnement.
Le projet d’aménagement doit tendre vers un équilibre entre zones d’habitat et zones naturelles.
L’objectif est de composer un quartier où la part du végétal et celle du bâti seront intimement imbriquées, pour construire demain un espace à vivre de qualité. Le site offre en effet un environnement naturel particulier par la présence de boisements, de zones humides et de formations « naturelles » d’intérêt (clairières, bocages et prairies arborées).
Programme du projet urbain
Le terrain du Champ de Manœuvre offre une capacité de construction estimée à 1800/2000 logements sur la période 2018-2030. Comme l’ensemble des opérations d’aménagement portées par Nantes Métropole, le projet urbain Champ de Manœuvre devra assurer la mixité sociale et permettre à tous d’accéder à la propriété. Les programmes d’habitat devront comporter 25% de logements sociaux, 30% de logements en accession abordable et 45% de logements en accession libre. De même, le projet développera des formes de bâti diversifiées en termes de typologie et de hauteurs, adaptées à son environnement proche. »
La Commande
La gageure de cet aménagement est sans aucun doute « la préservation et la mise en valeur des espaces de nature. » Mais aussi la relation (quelle relation ?) des futurs habitants avec la prison de Nantes située justement sur ce site.
Contactée par Nantes métropole aménagement dès 2015, nous avons parlé à plusieurs reprises de l’action Nouveaux commanditaires à des réunions où des citoyens habitant à proximité de ce site étaient présents.
Plutôt que d’attendre les premiers aménagements et donc les premiers habitants, nous proposons de travailler avec un artiste dont les préoccupations sont proches de celles qui constituent le pari de cet aménagement : agir sur les mentalités pour que 4000 personnes environ puissent se comporter un peu différemment pour que les espaces de nature soient réellement préservés et/ou que les prisonniers se trouvant sur ce site ne soient pas sinon méprisés du moins ignorés.
Les Artistes
Le contexte de la commande pour "la préservation et la mise en valeur des espaces de nature" a amené Entre-Deux à proposer un artiste, Laurent Tixador, pour travailler la dimension écologique d’une construction immobilière. Au cours d’un atelier avec une quinzaine d’étudiants, deux habitations légères, des « cagnas » ont été construites au début de l’été 2018 avec des matériaux trouvés sur place (les murs sont réalisés en torchis).
Le Projet - L’atelier
L’objectif est de composer un quartier où la part du végétal et celle du bâti seront intimement imbriqués. Le site offre en effet un environnement naturel particulier par la présence de boisement, de zones humides et de formations « naturelles » d’intérêt (clairières, bocages et prairies arborées).
Afin de mener une réflexion collective sur ces problématiques, l’atelier proposé par Laurent Tixador consistait à agir avant le début du chantier, sur la gageure de cet aménagement qui veut conserver les ressources naturelles du site tout en édifiant des constructions d’habitation.
Du 9 au 20 juillet 2018, un atelier a permis de construire deux cabanes de soldats appelées à l’époque des « cagnas » d’après des documents photographiques collectés depuis 2014 par Laurent Tixador. Pour passer d’une image aux informations partielles à la construction d’un logement habitable, il faut élucider et extrapoler les matériaux qui ont été utilisés et travailler avec la même économie.
En plein centenaire de la guerre de 1914-1918, alors que la question de la crise du logement et des réfugiés est de plus en plus prégnante, ce « taxon lazare » de l’architecture, construit de manière collaborative, prend un sens particulier, résolument investi d’un esprit de solidarité.
« Le taxon Lazare est le phénomène de réapparition d’une espèce que l’on croyait éteinte ».
Les cagnas
Durant la première guerre mondiale, les soldats étaient cantonnés pendant leurs périodes de repos dans des villages ou des fermes à l’arrière du front. Quand les bâtiments sont venus à manquer, beaucoup d’entre eux ont été envoyés dans les bois pour se reposer. Ils ont alors construit eux mêmes leurs logements en cherchant à combiner l’habitabilité avec une vision utopique, celle du retour au foyer.
Sur quelques rares documents, on peut voir ces cabanes agrémentées de fleurs, de rideaux ou d’éléments décoratifs voués à les projeter fonctionnellement dans une sorte de quotidien léger et sans perdition.
Comme les soldats, les nombreux exilés qui vivent actuellement comme ils peuvent en Europe n’ont pas envie d’être là où ils sont. En visant à rendre un endroit toujours plus confortable et en assemblant au mieux ce qui se trouve dans leur environnement immédiat, ils cherchent à créer un urbanisme et un mode de vie qui s’inspire des formes familières. Il s’agit souvent de constructions sans plan initial qui trouvent leur force au fur et à mesure qu’elles évoluent et permettent à leurs usagers de se poser un peu et de retrouver de l’énergie, grâce aussi à la vie collective qu’elles induisent.
L’équipe de l’atelier Cagnas
Laurent Tixador, artiste
Merlin Andreae, Ensad Paris
Léna Besse, Ensad Paris
Victor Bureau, Esam Caen/Cherbourg
Chloé Gasparini, enseignante arts plastiques
Martha Le Bars, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Julien Le Bour, université Rennes 2
Adrien Le Cor, université Rennes 2
Chloé Lebret, Esba Lorient
Tzu-Chun Lin, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Vassily Mitrecey, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Setareh Rahnama, Ensa Nantes
Clément Richeux, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Alice Rochette, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Martin Roy, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Adèle Tixador, enseignante arts-plastiques
Morgan Vallé, Esba Montpellier
Artiste :

Lieu
Ancien champ de manœuvre, le quartier Nantes Erdre est situé entre le cœur de Nantes et la commune de Carquefou.
Date
Initié en 2015 ; inauguration samedi 15 septembre 2018
Les commanditaires
Des personnes volontaires parmi celles qui ont participé aux nombreuses concertations effectuées dans le cadre de ce futur aménagement et par des personnes intéressées lors de la large communication que sera réalisée autour du workshop.
Médiation- production
Entre-deux, Nantes
et Eternal Network, Tours
Partenaires
Nantes métropole aménagement, NMA.